Dans le langage parlé du Québec, « tripper », ça veut dire se passionner pour quelque chose. À l’École d’ingénierie de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), il y a justement une gang de « trippeux » qui s’amuse à concevoir un sous-marin de compétition. Le club étudiant Autonomous Submarine UQTR (AS UQTR) permet en effet aux futurs ingénieurs d’appliquer leurs connaissances à un projet concret, de calibre international.
Le sous-marin développé par les étudiants est destiné à la compétition RoboSub, un rendez-vous interuniversitaire qui se déroule chaque année à San Diego. Les participants doivent concevoir un appareil autonome capable de réaliser une série de tâches.
« Pour la prochaine compétition à l’été 2021, notre sous-marin devrait être 100 % intelligent et autonome. Si tel est le cas, il pourra réaliser diverses missions, comme ramasser un objet, lancer une torpille ou compléter un parcours », affirme Gabriel Tremblay, cocapitaine, programmeur, et étudiant au baccalauréat en génie électrique (concentration génie informatique).
« C’est vraiment une compétition de haut niveau. Il y a des équipes de partout sur la planète, alors il faut être préparé au maximum. Les meilleures équipes réussissent peut-être 3 défis sur 15, mais c’est suffisant pour se classer en première place », ajoute Marc-André Morrissette-Soucy, trésorier, programmeur, et lui aussi étudiant au baccalauréat en génie électrique (concentration génie informatique).
Bastien Côté souligne par ailleurs que l’encadrement personnalisé propre à l’UQTR facilite l’intégration des apprentissages. « Au départ, je fréquentais une université plus grande, et je n’avais pas de liens avec les professeurs. Quand je suis arrivé à l’UQTR, la proximité a fait en sorte que j’ai pu poser des questions et avoir un suivi assez rapidement. Les professeurs m’ont même parfois aidé au-delà de ce dont j’avais besoin, ce qui m’a permis de mieux comprendre la matière », explique l’étudiant au baccalauréat en génie électrique.
Ce point est d’ailleurs unanime chez ses compatriotes, qui se sont expatriés pour profiter de l’échelle humaine de l’UQTR. Si Bastien est originaire de Trois-Rivières, Gabriel, lui, provient de Saguenay, alors que Marc-André arrive pour sa part de Mont-Laurier.
« Dans les grosses universités, c’est très impersonnel comparé à l’enseignement que l’on reçoit ici. C’est beaucoup plus facile d’obtenir des conseils et d’aller chercher des connaissances, ce qui est très utile pour les travaux théoriques et les cours, mais aussi pour les projets pratiques comme celui-ci », remarque Gabriel.
À la fine pointe
Même si la compétition RoboSub s’adresse exclusivement à des étudiants, les membres d’AS UQTR ont décidé d’utiliser du matériel de calibre professionnel pour construire leur sous-marin.
« Grâce à nos commanditaires, nous avons pu apporter plusieurs améliorations à la partie mécanique. Plus encore, certaines entreprises multinationales ont accepté de nous fournir des éléments vitaux. Par exemple, Nvidia nous a donné l’un des systèmes intégrés les plus puissants qui existent sur le marché. Pour nous, c’est un avantage majeur sur le plan de la programmation, puisque nous pouvons faire de la reconnaissance d’images, contrôler les moteurs, etc. », témoigne Gabriel.
« Nous souhaitons également ajouter un DVL [Doppler Velocity Log]. Ce module nous permettrait d’améliorer notre contrôle en précisant la distance à parcourir dans telle ou telle direction. C’est énorme pour la programmation de notre intelligence artificielle. Nous essayons vraiment de nous tenir à jour et d’utiliser les dernières technologies disponibles », complète Marc-André.
C’est donc dire que le sous-marin d’AS UQTR est en perpétuelle amélioration. À ce sujet, Bastien précise que son architecture est conçue pour s’adapter aux ajouts, que ce soit des composantes mécaniques, des lignes de programmation, des circuits électriques ou des circuits imprimés.
Comme des pros
En matière de formation, l’approche préconisée par l’équipe d’AS UQTR est basée sur l’apprentissage. En ce sens, les étudiants recrutés pour le projet ont accès à des tutoriels faits maison, qui leur permettent de se familiariser avec les bases de la programmation.
« Nous intégrons les nouveaux comme s’ils se joignaient à une entreprise. Même si ce sont des débutants, nous avons développé notre culture de manière à les accompagner dans leur cheminement. Il y a toujours des choses à apprendre, mais s’ils y mettent le temps et l’intérêt, ils ont tout ce qu’il leur faut pour devenir des experts », indique Gabriel.
Sur le plan professionnel, cette façon de faire représente un avantage considérable pour les étudiants. Aux dires de Bastien, les employeurs recherchent activement ce genre d’expériences concrètes chez leurs candidats.
« Jusqu’à présent, j’ai fait deux stages en entreprise, et je suis convaincu que mon implication avec AS UQTR m’a aidé à les obtenir. Quand les employeurs m’ont reçu en entrevue, ils ont vu que j’étais déjà capable d’appliquer mes connaissances à mon travail. En démontrant que je savais faire de la conception, j’ai tout de suite été embauché », raconte-t-il.
« Nous utilisons des technologies que les entreprises pourraient vouloir implanter dans leurs propres installations. Et comme nous connaissons déjà ces technologies, notre expertise est quelque chose de très intéressant du point de vue de l’employeur », conclut Marc-André.
Les responsables d’AS UQTR étant tous finissants à l’École d’ingénierie de l’UQTR, ceux-ci cherchent actuellement des étudiants qui voudraient prendre leur relève. Ils aimeraient recruter au moins quatre ou cinq personnes prêtes à prendre une part active au développement du sous-marin. Prêt à faire le plongeon ?