Les enfants de parents ayant vécu des traumas sont trois fois plus à risque d’être eux-mêmes victimes de maltraitance. Même en l’absence de répétition de comportements maltraitants à travers les générations, les enfants de parents ayant vécu des traumas seraient plus à risque de présenter des problèmes dans leur développement. C’est cette transmission intergénérationnelle, de même que les pistes d’intervention pour en interrompre les effets, qu’investiguera Nicolas Berthelot, professeur au Département de sciences infirmières de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), à travers les travaux de la Chaire de recherche du Canada en traumas développementaux.
Financé à hauteur de 600 000 $ sur 5 ans (à raison de 120 000 $ par année), le professeur Berthelot et son équipe cibleront 2 thèmes cruciaux à travers la programmation de recherche, soit une meilleure compréhension des mécanismes psychologiques et biologiques expliquant la transmission intergénérationnelle des traumas, qui ont des répercussions sur le développement général, socioémotionnel et cognitif des enfants, ainsi que la mise en place d’interventions parentales prénatales visant à interrompre cette trajectoire de risque.
« L’abus et la négligence demeurent sous-étudiés au pays, surtout en matière d’intervention et de prévention. De plus, les mécanismes psychologiques et biologiques expliquant la transmission intergénérationnelle du risque associé aux traumas demeurent méconnus encore aujourd’hui. Notre hypothèse avance que l’intervention précoce et directe sur les mécanismes de transmission sera plus puissante que les interventions effectuées à la suite de la naissance de l’enfant ou, du moins, qu’elle augmentera leur efficacité », affirme le titulaire de la Chaire de recherche, Nicolas Berthelot.
Pour sa part, le recteur de l’UQTR, M. Christian Blanchette, s’exprime en ces termes : « Je félicite chaleureusement le titulaire de la nouvelle Chaire de recherche du Canada en traumas développementaux, le professeur Nicolas Berthelot. Grâce à son impressionnante feuille de route dans ce domaine, il est le chercheur tout indiqué pour mener cette étude novatrice au croisement des sciences humaines, sociales et de la santé, et ainsi contribuer à renforcer la capacité de recherche de l’UQTR. Mais surtout, l’impact social de ses travaux sera indéniable : alors que notre société est soucieuse du mieux-être des enfants, ses recherches généreront des connaissances et des solutions concrètes afin d’intervenir de manière efficace à l’égard de cette problématique urgente. »
Programmation de recherche
Sachant que l’une des fenêtres majeures de vulnérabilité pour l’adaptation des personnes ayant vécu des traumas consiste en la période où ces dernières deviennent parents, une compréhension de la transmission intergénérationnelle – autant biologique que psychologique – est cruciale pour cibler des mesures d’intervention qui permettront d’intercepter les trajectoires de risque, autant chez ceux-ci que chez l’enfant. De même, les bouleversements associés à la grossesse et à la parentalité peuvent faire ressurgir les expériences traumatiques, déclencher ou aggraver des difficultés psychologiques et interférer avec les stratégies d’adaptation qu’ils ont développées pour composer avec leur vécu traumatique. Le concept de la mentalisation comme mécanisme de protection joue un rôle important dans les recherches, afin de comprendre à la fois les processus de résilience et la transmission intergénérationnelle du risque associés aux traumas.
Dans un deuxième temps, l’équipe du professeur Berthelot vise l’implantation et l’évaluation d’interventions prénatales destinées aux futurs parents en contexte de vulnérabilité. Pour y arriver, elle a développé le programme STEP (Soutenir la Transition et l’Engagement dans la Parentalité), qui vise à soutenir l’adaptation des parents ayant vécu des traumas, favoriser le développement de leurs enfants et intercepter les cycles intergénérationnels de maltraitance.
L’équipe de Nicolas Berthelot bénéficie de son ancrage au Centre d’études interdisciplinaires sur le développement de l’enfant et la famille (CEIDEF) de l’UQTR, qui facilite le développement de la recherche appliquée et clinique. De même, les chercheurs peuvent compter sur la collaboration du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec (CIUSSS MCQ) et du CIUSSS de la Capitale-Nationale, notamment pour recruter des participants et diffuser le programme STEP.
À propos de Nicolas Berthelot
Psychologue rattaché au Département de sciences infirmières de l’UQTR, le professeur Berthelot s’appuie sur une expertise liée à la transmission intergénérationnelle des traumas, qu’il développe depuis près de 20 ans. Il reçoit, en 2018, le Prix d’excellence de la relève (volet sciences humaines et sociales, arts et lettres) du Réseau des Universités du Québec. En 2019, l’UQTR lui remet le Prix de la relève scientifique (volet sciences naturelles, génie, et sciences de la santé).
À propos du programme des chaires de recherche du Canada
Le Programme des chaires de recherche du Canada investit jusqu’à 295 millions de dollars par année afin d’attirer et de retenir certains des chercheurs les plus accomplis et prometteurs du monde dans les domaines des sciences naturelles, du génie, des sciences de la santé et des sciences humaines.