On dit souvent que l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) est un établissement à taille humaine. Si ce trait se reflète dans l’aménagement des campus et l’ambiance des salles de classe, il fait avant tout référence à la chaleur des membres de la communauté. Au Département de psychoéducation et travail social, cette cordialité est canalisée dans la relation d’aide. Pour Gabrielle Fréchette-Boilard, étudiante au doctorat en psychoéducation (orientation recherche) au campus de l’UQTR à Québec, ce principe signifie bien plus que soutenir les autres ; c’est aussi un appel à s’impliquer.
D’aussi loin qu’elle se souvienne, Gabrielle a passé l’ensemble de sa scolarité dans des groupes peu nombreux. Originaire de la région de Québec, mais ayant grandi en Haute-Mauricie, elle a fait ses études secondaires au La Tuque High School. Contrairement à la polyvalente locale, l’école anglophone compte à peine quelques centaines d’élèves.
« Je pense que mon penchant pour les petites cohortes vient de là ! », confie-t-elle. « Mais ça s’est poursuivi au collégial. La ville de La Tuque est située loin des grands centres, et l’offre pour les études supérieures y est limitée. C’est possible de suivre certains programmes au Centre d’études collégiales de La Tuque, affilié au Cégep de Shawinigan, mais la plupart des jeunes choisissent de déménager. C’est ce que j’ai fait du haut de mes 17 ans. J’ai pris la direction de Québec pour pouvoir poursuivre ma scolarité en anglais », raconte l’étudiante.
Gabrielle jette son dévolu sur le Cégep Champlain – St. Lawrence, un établissement d’environ un millier d’étudiants du réseau des Champlain Regional College. Elle y entame ses sciences de la nature, dans le but de devenir physiothérapeute. Si elle vit bien la transition dans son nouvel environnement, elle est appelée à épauler des camarades pour qui elle s’avère plus difficile.
« Ce n’est pas facile de se retrouver en appartement, loin de sa famille, tout en apprivoisant un nouveau mode d’enseignement. Il y a des gens dans mon entourage pour qui ça a été très dur. C’est un peu comme ça que j’ai découvert la relation d’aide. On se parlait, on s’accompagnait, on se soutenaient les uns les autres. J’ai vite réalisé qu’établir ce lien me parlait plus que les mathématiques, la chimie et la physique. Je suis donc allée voir le conseiller en orientation, et nous en sommes venus à la conclusion que mes intérêts touchaient davantage les sciences humaines. À la session d’hiver, j’ai donc effectué un changement de programme en ce sens », explique-t-elle.
Si ce tournant s’avère bénéfique pour la suite de son parcours, Gabrielle n’est pas encore tout à fait fixée pour la suite des choses. Le déclic finira par se faire à sa dernière année de cégep, alors qu’elle découvre la psychoéducation dans le cadre de la tournée universitaire. Motivée par un accès plus facile à la profession (le titre de psychoéducateur demande une maîtrise, alors que l’Ordre des psychologues exige un doctorat), elle s’inscrit l’hiver suivant dans une grande université. Ce qui n’est pas sans lui causer un choc.
« Ça a été très déstabilisant pour moi. Quand j’ai eu mon premier cours, nous étions plus de 250 personnes dans un auditorium. Juste le fait d’avoir un professeur qui avait besoin d’un micro, c’était étrange. J’ai toujours été habituée que mes enseignants reconnaissent mon visage et m’appellent par mon nom. Là-bas, je ne retrouvais pas ça, alors j’ai commencé à chercher des alternatives à mon projet d’études. C’est à ce moment que j’ai découvert que l’UQTR avait un campus à Québec. C’était au Complexe Bellevue à l’époque, alors je m’étais rendue sur place pour visiter. Ce n’était pas au goût du jour comme le nouveau campus, mais j’y ai quand même retrouvé la familiarité qui me manquait », se souvient-elle.
Alors inscrite au baccalauréat en psychoéducation, la première impression de Gabrielle se confirme lors des activités d’intégration. Elle tisse rapidement de nouvelles amitiés, au sein d’une cohorte où l’ambiance est à la proximité. Confortée dans son choix, elle laisse peu à peu ce climat guider la suite de ses études.
Un engagement progressif…
À peine entrée à l’UQTR, Gabrielle ne perd pas de temps à trouver des façons de s’impliquer. En début d’année, elle devient représentante étudiante pour le premier cycle ; ce mandat lui fait voir à quel point les associations sont au centre de la vie étudiante. Puis, à sa deuxième année, elle hérite de la codirection du café étudiant, qui est opéré par le volet local de l’Association générale des étudiants hors campus (AGEHC). Motivée par son expérience, elle pose également sa candidature pour devenir secrétaire de l’Association, poste pour lequel elle est finalement élue. Elle conjugue ainsi ses nouvelles responsabilités avec ses études à temps plein.
« Je ne m’en cache pas, mon emploi du temps était assez chargé ! Or, ça ne s’est pas arrêté là : à un moment donné, j’ai occupé le poste de présidente par intérim de l’association locale de Québec. Ces nouvelles fonctions m’ont amenée à siéger à l’association générale de l’AGEHC (qui regroupe les représentants de tous les centres hors campus), afin de porter la voix, revendiquer les besoins et défendre les projets de nos membres. Puis, quand j’ai commencé ma maîtrise en psychoéducation (avec stage), je me suis retrouvée sur le conseil d’administration de l’AGEHC. J’y suis restée pendant deux ans, après quoi je suis devenue présidente de l’Association générale. Voilà où j’en suis aujourd’hui », relate Gabrielle.
L’étudiante au doctorat constate que son rôle actuel tranche avec ce qu’elle a connu avec l’association locale. Plus éloignée du terrain, elle s’occupe davantage des enjeux politiques, notamment en négociant avec les instances. Toutefois, elle reconnaît qu’il s’agit d’abord d’un travail de concertation : c’est avec l’apport de ses collègues qu’elle peut faire cheminer les dossiers. Son style de gestion s’inspire d’ailleurs largement de sa formation en psychoéducation, puisqu’elle tente de mobiliser les forces de chacun pour atteindre la réussite.
… et diversifié
Au moment de commencer sa maîtrise, une autre opportunité s’offre à Gabrielle : prendre la coordination du Projet d’accompagnement par les pairs en psychoéducation. Cette initiative du Département comporte deux volets, à savoir le soutien pédagogique et les ressources individuelles. Le but de cette initiative n’est pas de dédoubler l’offre des Services aux étudiants (SAE), mais plutôt de faire la promotion de l’aide disponible auprès des membres de la communauté qui éprouvent des difficultés. Il s’agit également d’un complément à la formation en psychoéducation, puisque les étudiants ont accès à des formations à moindre coût en marge de ce projet.
« Comme on peut s’en douter, à force de m’impliquer dans la vie étudiante, j’ai fini par être assez bien connue au sein du Département. On a donc fait appel à moi à plusieurs occasions pour le représenter. J’ai participé à plusieurs Journées portes ouvertes, ainsi qu’à d’autres initiatives de visibilité que nous avons réalisées en ligne durant la pandémie. Et quand il y a eu l’inauguration du nouveau campus de Québec, l’Université cherchait des étudiants pour prendre la parole. Ça n’a pas été long que mon téléphone a sonné ! », évoque-t-elle.
Le temps investi par Gabrielle dans les différentes sphères de la vie étudiante ne passe pas inaperçu. En 2022, elle remporte le prix de l’engagement étudiant, qui récompense le dynamisme, l’enthousiasme et l’exemplarité du dossier scolaire. Cette distinction lui a été remise en raison de ses compétences relationnelles, de ses habiletés en communication et de son leadership, qui lui permet d’établir un climat de confiance. De plus, l’Université a reconnu ses valeurs humaines et son engagement social, qui rendent l’expérience étudiante positive.
Contribuer par la recherche
La vie universitaire de Gabrielle comporte un autre volet qu’elle ne peut passer sous le silence, soit son cheminement en recherche. Depuis plusieurs années, elle contribue à l’avancement de divers projets liés à son domaine d’études.
« Mon parcours en recherche a commencé pendant ma maîtrise. La professeure Évelyne Touchette m’avait approché pour un projet en lien avec le sommeil des tout-petits. Aussi, c’est vers elle que je me suis tournée pour diriger mon essai. À partir de là, nous avons travaillé en collaboration avec le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux de la Capitale-Nationale pour analyser le sommeil des adolescents en temps de pandémie. En parallèle, j’ai aussi travaillé avec la professeure Jessica Pearson, afin de réaliser une collecte de données pour une étude sur le développement cognitif des enfants. Je l’ai aidée à recruter des familles, et de fil en aiguille, elle est devenue ma directrice de thèse », résume-t-elle.
« En ce moment, en plus d’être au doctorat, je suis aussi psychoéducatrice en pratique privée. Je travaille à temps partiel dans une clinique pédiatrique. La raison pour laquelle je voulais poursuivre mes études au troisième cycle, c’est que le terrain, aussi passionnant soit-il, vient avec certaines limites. On peut lire autant qu’on veut sur une problématique, mais il n’y a rien comme faire évoluer la science qui l’explique ! À force de rencontrer des familles, je vois que les besoins en matière de développement cognitif des enfants sont grandissants. Et ce que je souhaite par-dessus tout, c’est d’apporter mon aide. Voilà pourquoi je fais de la recherche », conclut Gabrielle.